La CVX au Luxembourg et le processus synodal (mai 2022)
L’invitation à participer en tant que CVX LU au processus synodal nous a été adressée par l’Exco mondial et par le diocèse. L’équipe de préparation constituée ad hoc a proposé à tous les membres et groupes de la CVX LU de réfléchir et de répondre à un certain nombre de questions. De nombreux groupes CVX ont pris le temps d’une rencontre pour entrer dans la démarche. Voici la réponse de notre communauté transmise à l’équipe de coordination du diocèse et à l’Exco mondial. Elle est la synthèse des contributions des groupes.

Les membres de la Communauté de vie chrétienne (CVX) reconnaissent que la CVX est le lieu privilégié (mais pas unique) de leur appartenance à l’Eglise. Et ce de par le trésor de la spiritualité ignatienne, les outils et méthodes ignatiens, les expériences vécues d’écoute, de partage et de discernement, mais aussi à travers la structure, les processus communautaires et l’organisation de la communauté. Ils rendent grâce pour cette richesse et se sentent appelés à partager ces trésors avec d’autres dans l’Église.

Les membres de la CVX vivent leur mission dans leur quotidien, au sein de la société et de l’Église, soutenus par leur communauté. Le processus synodal leur tient à cœur : ce processus pourra permettre de restaurer la crédibilité de l’Église dans sa mission.

Mission

Dans notre monde sécularisé où le discours religieux traditionnel « ne prend plus », nous sommes appelés à être témoins de la Bonne Nouvelle, en premier lieu à travers notre manière de vivre, personnellement et en communauté d’Eglise, et donc aussi à travers les structures de l’Église (être Eglise ouverte, humble, « communio »).

Notre manière de vivre comporte e.a. les éléments suivants :
 reconnaître en chaque être humain un enfant de Dieu,
 faire le premier pas, pardonner,
 poser des gestes gratuits,
 faire l’unité entre nos paroles et notre vie,
 développer nos compétences sociales, politiques, personnelles…,
 vivre de façon forte la dimension verticale avec le Christ pour mieux vivre l’amitié et la solidarité dans l’horizontalité.

Cette mission trouve son expression dans une communauté, l’Église, où tous s’aident mutuellement à découvrir le message évangélique, à le traduire dans le concret de leur vie, et à se convertir. Cela vaut pour nos paroisses en tant que communauté d’Eglise au niveau d’un territoire donné, mais aussi pour tout autre communauté ecclésiale. L’Eglise est appelée à être au milieu du monde, auprès des hommes et femmes de toutes conditions. Chacun.e doit pouvoir vivre la vocation que Dieu a mise dans son cœur.

Une attention particulière est à porter aux enfants : il faudra se hisser à la hauteur des enfants et les rencontrer dans ce qui fait leur vie afin de pouvoir leur transmettre ce qui nous fait vivre et espérer.

Les chrétiens auront à s’engager ensemble dans les domaines de l’écologie, de la justice sociale et de l’accueil des réfugiés.

Prendre au sérieux cette mission oblige les chrétiens à s’engager dans un processus de transformation des structures de l’Église : la communion et la participation.

Communion

Toute communauté a besoin d’un fondement commun, un fondement qui soit glissière de sécurité (ou balise), et non pas carcan (ou camisole de force), mais qui respecte la liberté et la responsabilité de chaque membre. Une vraie communauté donne à ses membres force, sentiment d’appartenance et de sécurité.

L’écoute et la participation diffèrent beaucoup d’une communauté pastorale à l’autre.

Souvent, les communautés d’Eglise ne font plus communauté : Ceux qui détiennent le pouvoir ont la parole.

Les structures hiérarchiques et pyramidales rendent difficile une écoute libre et bienveillante. Il arrive souvent que dans les paroisses tout tourne quasi exclusivement autour du prêtre, respectivement autour de la liturgie dominicale qui est une communication à sens unique. Il n’existe que très rarement une culture de discernement qui inclurait tous les participants. Dans certaines paroisses, il existe un accueil par les célébrants avant ou après les messes, ce qui est un premier pas vers la création d’espaces d’accueil et d’écoute au-delà des liturgies.

Nos demandes et propositions :

• Que l’Église se mette à l’écoute de ses membres, aussi de ceux qui sont aux périphéries, et soit attentive et bienveillante par rapport à leurs talents et qualités, qu’elle les invite à sortir de l’attitude de consommation. Pour cela elle devra offrir des lieux de partage et des structures de participation réelles.
• Que l’Église s’inspire de la manière de faire du Christ, qu’elle cesse de « faire la morale » tout le temps, pour être bien davantage dans une perspective de « plus de vie ».
• Que dans les communautés d’Eglise on se mette à prier et à écouter l’Esprit, avant de travailler ensemble.
• Que l’Église favorise une communication à hauteur de regards (auf Augenhöhe), avec tous les « risques » que cela implique, d’être dérangée, bousculée. Mais les possibilités que cela ouvre valent bien ces risques.
• Que les communautés d’Eglise acceptent de repenser leur manière de fonctionner : pas de
communion sans vraie participation.

Participation

Qui dit participation, dit droit actif de tous à prendre part, à collaborer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la vie en communauté, à prendre part aux processus vitaux de l’Église. Pour cela il faut créer et activer des structures participatives et initier des processus participatifs, créer des espaces de dialogue structuré.

Il en va de l’avenir de l’Église et de la capacité de restaurer la crédibilité de l’Eglise.

Les communautés pastorales sont trop centrées sur le prêtre qui est en position de pouvoir, au lieu d’exercer une fonction d’autorité, au service de la communauté. Les titulaires d’une charge doivent se voir comme serviteurs et non comme détenteurs de pouvoir. Le cléricalisme, sous des formes différentes, gène ou empêche une réelle participation. Il faudra que la communauté d’Eglise (paroissiale ou autre) soit le porteur central et le garant de la vie ecclésiale et des projets à mettre en œuvre, et non plus le prêtre.

La vie en communauté est toujours en devenir, un processus qui n’est jamais définitif une fois pour toutes et qui demande toujours des adaptations, des changements.

L’organisation de l’Église doit être réformée, à tous les niveaux.
L’Église devra avoir le courage d’expérimenter des modes nouveaux d’exercice de la responsabilité.

Le leadership et les responsabilités doivent être partagées entre clercs et laïcs, salariés et bénévoles, hommes et femmes, jeunes et vieux. Il faut fractionner les tâches, définir des mandats à durée déterminée et préciser les fonctions.

Il faut mettre en route des processus de discernement en communauté avec la participation de tous : des processus spirituels, d’écoute commune de ce que l’Esprit nous dit, et qui ne sont pas de l’ordre de rapports de force entre courants différents...

Le processus synodal pourra permettre un tel cheminement, s’il n’est pas détourné pour servir au maintien d’un status quo ou pour prolonger la vie d’un appareil d’un autre âge.

Le célibat obligatoire des prêtres n’est plus justifié aujourd’hui. L’accès des femmes à tous les postes de responsabilité et à toutes les positions, y compris sacerdotales sera à garantir.

De manière concrète, et dans l’immédiat, il s’agit de créer des espaces pour favoriser la participation :

• Renouveler régulièrement les conseils paroissiaux (mandats limités pour éviter que ce soient toujours les mêmes aux mêmes fonctions) ;
• Définir les modes d’organisation et de fonctionnement des communautés d’Eglise et des organes à tous les échelons dans une répartition équitable des responsabilités ;
• Revivifier les organes consultatifs ;
• Demander concrètement à des personnes de s’engager, en étant attentif et en valorisant les talents et charismes de ces personnes ;
• Mettre en place des formations au travail en équipe et à la dynamique des groupes pour tous les responsables et collaborateurs (prêtres et laïcs).
• Et, pourquoi pas, aider les musulmans à avoir leurs places dans les cimetières (tombes tournées vers la Mecque).

Luxembourg, le 8 mai 2022

(Document réalisé sur base des contributions des équipes CVX)

5 juin 2022