I. La mosaïque que nous voyons nous montre
– une synthèse et un réseau,
– une vue d’ensemble des expériences et des chemins parcourus ces derniers jours :
- un paysage riche en couleurs,
- des hommes qui accomplissent divers métiers,
- des maisons et des écoles,
- des usines et des tours de mines,
- des cathédrales et des églises.
Un monde bigarré,
Un monde,
– créé par Dieu et formé par les humains,
Un monde
– aimé de Dieu et menacé par l’homme.
Pour les expériences vécues dans ce monde nous disons merci.
II. Quelles expériences avons-nous faites ces jours-ci ?
Quels chemins avons-nous suivis ?
Qu’est-ce qui a marché et qu’est-ce qui marche dans [‘Magis] ?
Que devrions-nous essayer de faire et d’expérimenter ?
La réponse est :
– de vivre avec plus de vigilance,
– d’être davantage sur le qui-vive.
Nous faisons alors une découverte étonnante, incroyable :
– plus nous faisons l’expérience de notre réalité, plus nous faisons l’expérience de la réalité de Dieu ;
– plus nous vivons présents à nous-mêmes, plus Il nous révèle sa présence.
III. Dans cette expérience chrétienne qui nous a réunis de toutes les régions de la terre, nous sommes appelés à être
– plus attentifs et contemplatifs de la présence cachée du Christ dans notre monde :
- dans tout ce que nous sommes,
- dans toutes les expériences que nous faisons,
- là où Il veut nous appeler.
Une fois de plus, nous avons eu la chance, ces jours-ci, de faire l’expérience
- que le monde est transparent de Dieu,
- qu’en tout lieu et dans toute rntre nous percevons la beauté et la richesse de la réalité de Dieu qui se fait proche de nous.
-C’est cela que nous propose l’image de la mosaïque.
IV. Tout comme la mosaïque, l’Evangile nous parle de la promesse, de la présence sensible de Dieu dans ce monde.
Cette présence est « catholique » dans le sens littéral du terme :
– universelle, comprenant tout. Dieu et sa présence ne se laissent pas immobiliser à un endroit déterminé :
– ni sur une montagne ni dans une église ni dans un monastère.
La présence de Dieu ne se laisse pas approprier :
– ni par les catholiques, ni par les orthodoxes ou les protestants,
– ni par les juifs, ni par les chrétiens ou les musulmans.
La présence de Dieu est subversive. Elle saute au-dessus des murs, elle rampe sous les fils de fer barbelés, elle dilue les digues par lesquelles nous essayons de maintenir Dieu à distance.
Dieu est toujours plus grand et Il nous est toujours plus proche que nous ne l’imaginons. Son nom est [‘Magis].
V. L’Evangile appelle « Esprit » cette présence toujours plus grande, plus proche et plus pénétrante du Seigneur : Dieu est Esprit, un Esprit qui comprend tout et pénètre tout.
Saint Paul dit cela du Christ, le Fils de Dieu : « Le Seigneur est (l’) Esprit » (1 Cor. 3,17).
Il n’y a rien dans le monde que l’esprit de Dieu ne peut remplir.
Rien n’est à ce point petit ou insignifiant que l’esprit de Dieu rechignerait à vouloir y habiter.
Voilà pourquoi notre réponse à l’expérience de l’Esprit se situe dans l’adoration dans le même esprit.
Notre vocation est d’adorer :
- non pas en un lieu spécial comme Jérusalem,
- non pas à des moments exclusifs,
- non pas de façon exclusive.
Adorer est un style de vie continu, comprenant et englobant tout.
Adorer veut dire vivre et agir de plus en plus en présence de Dieu.
VI. Notre foi nous donne la certitude que jamais nous ne sommes seuls. En dépit du mal dans le monde, nous pouvons être certains que Dieu ne l’a pas abandonné.
- Dieu se trouve dans le cri des pauvres et des opprimés de ce monde !
- Dans les espoirs et les rêves des peuples !
- Dans les efforts de tant d’hommes et de femmes pour la foi et la justice !
- Dans la confrontation avec la fragilité et la résistance ; dans la réalité du péché dans notre vie.
Cela arrive lorsque nous faisons l’expérience de l’espérance et de la joie, de l’entraide et de la solidarité.
Dans la réalité de notre propre vie nous est donné le sens et la reconnaissance des dons et des talents que Dieu nous a donnés ainsi que l’invitation à les mettre à la disposition de celui qui a tant fait pour nous et qui continue à le faire.
VII. Dieu lui-même nous invite à entendre sa Parole, son appel.
Le [‘Magis] de l’amour de Dieu nous incite d’oser vivre le [‘Magis] de notre amour.
Ces jours-ci nous avons sans doute pris conscience que le [‘Magis] de notre réponse à l’appel du Seigneur ne peut être un ‘plus’ quantitatif, ni un ‘plus’ qui dure plus longtemps, ou qui va plus haut, ou qui va plus loin.
Il s’agit bien davantage d’un ‘plus’ qui est plus proche, plus en profondeur, plus intérieur ; il s’agit d’un ‘plus’ davantage éveillé, plus vrai.
Il s’agit plutôt de regarder attentivement et de goûter les couleurs bigarrées de la présence du Seigneur dans le monde, dans l’Eglise, dans ma vie, comme le montre bien la mosaïque.
VIII. Il n’est pas facile de vivre de cette façon : entièrement éveillé et authentiquement. Il nous arrive de faire des expériences qui nous prennent par surprise ou même qui nous font peur :
- Les trois mages trouvent le Fils de Dieu dans une étable.
- La femme de l’Evangile rencontre le Messie au puits municipal, comme un voyageur assoiffé.
Nous pourrions nous poser la question : quelles expériences m’ont surpris durant ces journées d’expériments ?
A quel moment l’horizon s’est-il éclairci pour moi ?
Où ai-je vécu une expérience spirituelle authentique ?
Nous avons essayé honnêtement à chercher et à trouver Dieu en toutes choses. Et Il est venu à notre aide, Il s’est manifesté à nous ; Il nous a permis de le trouver et Il nous a surpris par sa présence : « C’est moi, qui te parle »(Jn 4,26).
IX. Quand toute notre vie, toute notre recherche, au contraire, se transforme en prière, elle sera une prière en esprit et en vérité, et se révélera ainsi que : la ‘devise’ des JMJ « Nous sommes venus pour l’adorer » est bien plus qu’une ‘devise’ pour faire un pèlerinage à Cologne : c’est, ou ce pourrait être la ‘devise’ de notre cheminement de vie.
Saint Ignace exprime ainsi le fondement de ses Exercices Spirituels : « Nous avons été créés pour louer, vénérer et servir Dieu Notre Seigneur » (E.S. 23).
En effet, nous avons été appelés à la vie pour reconnaître toujours plus le Christ.
Nous avons été créés par Dieu pour l’aimer en tout, par tout et avec tout ce que nous sommes et avons.
Nous résumons en trois mots le sens de notre vie, de la vie que vous, les jeunes, avez devant vous : « Aimer et servir ».